Regard Extérieur - Ecriture de Plateau : Renaud Cojo
Metteur en scène, directeur artistique de la compagnie Ouvre le Chien ( "Elephant People", "et puis j'ai demandé à Christian de jouer l'intro de Ziggy Stardust", "Low Heroes" etc...)
A la Direction artistique : Eric Charbeau, Philippe Casaban (Opéra de Bordeaux, Ballet National de Bordeaux, Renaud Cojo …) et Arnaud Rouquier-Perret
Au Mapping et Vjing : Fanfy Garcia (Cie Volt Expérience et de nombreuses collaborations)
A la Création vidéo : Geoffroy Groult (Grand Angle productions)
A le Création Lumière : Cédric Babin (Stromae, Vanessa Paradis, Renaud …)
A la direction de production : Karine ESTEBAN (la Saga de Grimr – La Route Productions)
Après le succès de Come Prima, Arnaud Rouquier Perret du groupe musical les Splendor in The Grass souhaite renouveler le genre du bd concert et s’attaque à un projet de mise en image totale avec la création de Saccage qui s’appuie sur l’œuvre éponyme de Frederik Peeters.
Pour son éditeur, Atrabile « Saccage dépeint une épopée pleine de tourments, celle d’un homme (prophète ? héraut de l’apocalypse ?) qui traverse un monde dément, chaotique, baroque, où toute la folie – et l’histoire – de l’homme semble se télescoper, se mélanger, pour former un magma empli de visions fantasmagoriques, juxtaposant alors écho d’un enfer bien trop terrestre, jeu de références, et fresque prémonitoire. »
Saccage est bien plus qu’un délire visuel, c’est une véritable œuvre coup-de-poing, incroyablement habitée par un artiste au sommet de son art, et les dessins sans texte (mais pas «muets» !) » Atrabile
LIBERATION- Avril 2019 - "«Saccage», muette exploration du chaos qui vient."
"Un Pinocchio jaune s'éveille dans un complexe industriel à l'abandon pareil à l'intérieur du ventre d'une baleine. A ses pieds, des tuyaux figurent tout un réseau de vaisseaux sanguins qu'on imagine destinés à animer un coeur mécanique. Sous lui, une coulure noire descendue du plafond. Magma encore frais, puisque sa souillure a imprégné le dos du personnage. Le réveil semble laborieux. On se dit qu'il est moins perdu que le lecteur qui cherche encore ses repères dans le labyrinthe Saccage.
Insaisissable Frederik Peeters. Si l'on faisait partie des rares restés insensibles devant le Paris noyé de son Homme gribouillé paru début 2018, voilà que l'on se fait cueillir au vol par le sibyllin Saccage, rappel de l'incroyable talent de l'auteurde Pilules bleues et Lupus. Pétri de symbolisme, le livre se présente comme une collection de tableaux muets, dans un format à l'italienne. S'il repose bien sur un primat graphique, l'objet se distingue de la monographie ou de la collection de dessins thématisés puisqu'il élabore une narration par l'image. Chaque planche invite à la circulation – de l'oeil, des personnages qui s'y agitent et s'y dédoublent. Chaque planche fonctionne aussi comme une caisse de résonance qui répond et amplifie les scènes qui l'ont précédé. Un dispositif qui rend Saccage tout à la fois nébuleux et parfaitement transparent dans ses intentions et son propos. Esotérique mais pas hermétique, il rappelle un autre splendide ouvrage paru aux éditions Atrabile, le Black Medicine Book d'Helge Reumann.
Séquencé en quatre parties (de -1 à 3), comme autant d'ères d'un monde malade, Saccage est parcouru de long en large par ce personnage à la silhouette jaune, qui capture le regard et l'empêche de se perdre dans la profusion de paysages rouge chair et gris débris. Tout à la fois virgule graphique, grand témoin de l'histoire qui se défait, et émissaire de l'apocalypse, ce fils des âges farouches escorte le lecteur dans des planches saturées, où chaque plan de l'image regorge d'informations. Monde du trop-plein, planète en forme de ballon de baudruche infatué sur le point d'exploser ou de rompre et se vider brutalement de sa substance.
Toutes proportions gardées, les pages de Saccage évoquent la monumentalité des tableaux-monde de Bosch ou Bruegel, dans lesquels le moindre détail fait récit. Ici, on s'attarde sur un décor, sur la destination d'un personnage à l'arrière-plan. Sur ce corps qui s'étire jusqu'à sembler être fait de la même pâte molle qui habite certains décors. Ou les jambes-racines que ce guide jaune dissimule sous des bandelettes de momie. Derrière la fantasmagorie, Peeters met en scène les espaces de la surchauffe planétaire, de l'épuisement des ressources. Une terre (sur)plombée par la fumée dentelée des usines ou menacée pas des écoulements morbides de substances qui dévorent les vestiges de la civilisation.
D'abord imperméable à l'effondrement généralisé, Jaune se glisse dans les poches de résistances, comme ce village pré-industriel où l'on voue un culte au dieu Atome ; il se faufile au coeur du mal, dans des usines-abattoirs ou des carrières dans lesquelles s'échinent des ouvriers si usés que la pierre a imprégné les corps de sa couleur. Parcouru de signaux contradictoires et anachroniques, le livre de Frederik Peeters se fait bouillon, magma où le médiéval côtoie le précambrien, où le moineau bleu de Twitter virevolte au-dessus de dinosaures à crête osseuse. Contaminé, le dessin devient glissement de terrain : le registre du cartoon s'invite dans le réalisme, le loufoque pénètre le sérieux, les citations de Burns, Kirby et Otomo cohabitent avec les emprunts à Stalker comme à Princesse Mononoke.
Dans une préface passionnante (que l'on recommande de lire a posteriori), l'auteur explicite non pas le propos du livre mais les images qui l'ont provoqué. Comment ce personnage jaune est né d'une silhouette parfaitement glabre croisée dans les transports en commun et a fini par peupler ses carnets. Comment son envie de donner un épilogue à sa saga de SF Aâma l'a poussé à essayer de réunir de force ces images de zones tarkovskiennes dans le cadre d'un récit classique, parlé. Et puis l'évidence : laisser les pages s'exprimer d'elles-mêmes. Dire cette terreur de voir un monde bien réel lancé à pleine vitesse contre un mur."
FRANCE INTER - 2019 - "L'apocalypse selon Peeters"
Et si, avant la fin du monde, le pire était le délabrement ? Dans son dernier livre au format à l'italienne, Frederik Peeters offre ses visions noires du futur de l'humanité dans une succession de tableaux sans texte angoissants et un dessin magnifique truffé de références graphiques. Un immense cachalot échoué sur une plage explose, laissant ses viscères se vider sur le sol. Des enfants narquois se moquent d'un camarade de classe. Mais aussi une porcherie avec des carcasses de cochons pendantes, des personnages qui rampent dans de la boue, des échangeurs autoroutiers truffés d’accidents... Un propos pessimiste basé sur une observation concrète Après L’Homme gribouillé avec Serge Lehman et L’Odeur des garçons affamés avec Loo Hui Phang, Frederik Peeters nous livre sa vision extraordinaire d’un monde en déliquescence. « Des images fortes pour imprimer le lecteur » qui lui sont venues à la suite d’un voyage à bord d'un bateau scientifique sur le canal du Mozambique pour constater les dégâts de la pollution liés, entre autres, à la surpopulation mondiale. À ce constat s’est mêlé un séjour en Italie où il a été frappé par les visions de l’enfer des peintres du Moyen-Âge, qui résonnent avec aujourd’hui. Marqué par la lecture de La Supplication de Svetlana Aleksievitch qui racontait l’après Tchernobyl, Frederik Peeters a fait d’un personnage très jaune le fil rouge du récit. La Prix Nobel de littérature racontait qu’après l'explosion du réacteur nucléaire, des populations entières qui vivaient sur place avaient été déplacées. À leur arrivée dans leur nouvelle classe, les enfants étaient traités de "lucioles" ! Ce personnage énigmatique est le survivant d’une catastrophe nucléaire, dont on ne sait pas s’il imagine les manifestations étranges autour de lui, ou si elles ont réellement lieu, tellement les époques et les registres se mélangent.
Pôle Sud - Chartres de Bretagne (35) ; Espace Treulon - Bruges (33) ; Le Rocher de Palmer - Cenon (33) ; La Rock School Barbey - Bordeaux (33)
DOMINIQUE TRENTO
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